Pixel, xel, xel comme le jour

Vous n’avez pas pu y échapper. Le 15 avril dernier, sur la scène du festival de Coachella (Californie), un miracle s’est produit. Le rappeur Tupac Shakur, décédé en 1996, est revenu à la vie le temps d’un concert. L’émotion a saisi la foule, bernée comme aux premières heures du cinéma. Car derrière ce prodige se cachent de simples mais ingénieux effets spéciaux (technique dite du « Pepper’s Ghost »).

Ce que l’on sait moins, c’est qu’une grande société de production française s’est emparée de ce procédé il y a déjà plusieurs mois. Aujourd’hui et en exclusivité, le Bilboquet Magazine lève le voile sur les coulisses de la future tournée Cloclo 2.0.

Barracudesque !

Quoi de plus naturel en effet que de ressusciter le chanteur brutalement disparu à 39 ans ? Véritable idole de son vivant, Claude François n’a jamais quitté le cœur des Français qui, près de 35 ans après sa mort, continuent de se trémousser sur Alexandrie, Alexandra. Et quel joli pied de nez au destin… Claude revient comme il avait quitté ce monde : grâce à l’électricité.

C’est un Cloclo débordant de vie, plus vrai que nature, qui apparaît sous nos yeux. Flanqué de ses incontournables clodettes (de chair et de sang, elles), il danse, il saute, il crie, il sue, il nous transporte dans le temps, pendant près de trois heures d’un show barracudesque. On en redemande, tout comme les fans triés sur le volet qui ont pu assister avec nous à l’une des répétitions secrètes. Marie-Odile, 67 ans, tremble de tous ses membres et refuse d’abord de croire à un artifice : « C’est lui, c’est mon Cloclo, je savais, je savais qu’il reviendrait ! », mais lorsque le soutien-gorge qu’elle jette sur la scène (« le même que celui que j’avais lancé à l’Olympia en 1969 ») traverse le Claude de lumière, elle doit se rendre à l’évidence.

Pour Jean-François, sosie officiel de Claude en 1992, 1993 et 1996, dauphin en 2001-2003, « Claude c’est plus qu’un chanteur, c’est un guide au quotidien, je puise une force incroyable à le voir bouger comme ça ». En connaisseur, il détaille les différents costumes que porte son idole pendant le show (« oh, le lurex rouge rehaussé du col smoking en strass : Forest National, 1974 ! »). Pourtant, la mélancolie succède bientôt au ravissement. Les yeux embués et alors que le « Cloclogramme » entame Le téléphone pleure en duo avec Nolwenn Leroy (la vraie), il se confie : « je suis fou de joie, mais c’est la fin d’une époque pour nous, les sosies… Comment rivaliser avec Claude lui-même ? ». On le comprend et on lui indique le Pôle emploi le plus proche.

Un jouet extraordinaire aux potentialités innombrables

Et les surprises ne sont pas terminées, nous avertit la production, soucieuse de créer l’attente. En 1975, lors du Noël des enfants à l’Elysée, Cloclo avait chanté en duo avec Valéry Giscard d’Estaing. La famille de ce dernier aurait proposé de financer l’hologramme du président et de redonner vie à cet épisode. Suggestion qui n’aurait pas laissé les producteurs insensibles, d’autant que l’on fêtera en 2013 les vingt ans de la disparition de l’ancien chef de l’Etat. Intitulé VGE-reboot, le projet à l’étude prévoirait un Giscard muet mais accompagnant Claude à l’accordéon sur Belinda.

Surtout, l’expérience Cloclo 2.0 pourrait bien faire des petits. En hommage à Daniel Balavoine, un hélicoptère de pixels devrait bientôt surgir des dunes maliennes le temps d’une chanson (probablement L’Aziza, en duo avec Thierry Sabine). A Bruxelles, c’est une soirée « Ectoplasmique Bertrand » qui est prévue pour juillet prochain au Cirque Royal. Plus gourmande en termes de moyens, une vaste tournée joliment intitulée « Et si je n’existais pas » verra bientôt un Joe Dassin virtuel reprendre ses plus grands tubes.

Qui a dit que la chanson française était morte ?

“Comme d’habitude, même la nuit / Je vais jouer à faire semblant”