L’histoire égyptienne ancienne et ses pharaons ont toujours captivé l’imagination. Ramsès II, l’un des plus éminents souverains de l’Égypte antique, a laissé une empreinte indélébile à travers les monuments majestueux et les récits transmis à travers les âges. Au-delà de l’historiographie séculaire, Ramsès II occupe aussi une place dans la tradition islamique, où il est souvent identifié au pharaon mentionné dans le Coran. Cette figure coranique, associée à l’oppression et à l’adversité, offre une perspective différente de celle des historiens, teintée de spiritualité et de leçons morales. L’examen de cette représentation croise foi, histoire et interprétation.
Ramsès II dans le contexte historique et coranique
Ramsès II, considéré comme l’un des plus puissants pharaons de l’Égypte antique, a étendu son empire jusqu’à des limites jamais atteintes et a embelli son royaume par d’immenses constructions. Sa momie, découverte et préservée, témoigne de la grandeur de son règne et de la sophistication de l’art de la momification égyptienne. Cette découverte archéologique offre une fenêtre précieuse sur le passé et confirme certaines des descriptions fournies par les textes religieux. Dans le Coran, Ramsès II est souvent identifié au pharaon qui s’oppose à Moussa (Moïse), prophète envoyé par Allah pour libérer les fils d’Israël de l’esclavage.
La chronologie Drioton Vandier, qui établit une correspondance entre les faits historiques et les récits bibliques, place l’exode des Israélites et le règne de Ramsès II dans une proximité temporelle. l’identité du pharaon mentionné dans le Coran reste sujette à débat parmi les égyptologues. La stèle de Mineptah, le successeur de Ramsès II, apporte un éclairage supplémentaire en mentionnant une victoire sur les Israélites, suggérant ainsi une continuité des événements relatés dans les textes sacrés. Cette stèle est l’une des rares preuves archéologiques qui établissent une relation entre l’Égypte antique et les récits de la Bible et du Coran.
Le récit coranique présente Ramsès II non seulement comme un souverain puissant mais aussi comme une figure d’oppression et de défi face au monothéisme prêché par Moussa. Le Corps pharaon, retrouvé presque intact, est ainsi interprété par certains comme un signe pour les générations futures, comme évoqué dans le livre sacré de l’Islam. Les recherches en égyptologie, en croisant les données coraniques et les découvertes archéologiques, offrent ainsi une perspective enrichie sur la manière dont les anciens Égyptiens sont perçus et sur la manière dont ces figures historiques sont intégrées dans le discours religieux.
L’interprétation et la signification de la figure de pharaon dans le Coran
Dans le Coran, la figure du pharaon dépasse la simple narration historique pour s’ériger en symbole de la tyrannie et de l’incrédulité. Le pharaon de l’époque de Moussa (Moïse), souvent assimilé à Ramsès II, incarne l’archétype du monarque injuste et oppresseur, faisant écho à une prédication coranique contre le polythéisme et la souveraineté despotique. Son opposition récalcitrante aux signes d’Allah, à travers les miracles rapportés, dépeint un homme dont la puissance terrestre se heurte inévitablement à la puissance d’Allah.
La momification de Ramsès II, un processus méticuleux destiné à préserver son corps pour l’au-delà, devient dans le Coran un signe pour les générations futures. Les travaux du chercheur Maurice Bucaille, qui s’est converti à l’Islam après ses études sur la momie du pharaon, soulignent l’adéquation entre la préservation du corps et les récits coraniques. La préservation du corps pharaonique est interprétée comme une preuve divine, permettant aux successeurs de méditer sur le sort de celui qui s’est dressé contre la volonté divine.
La confrontation entre Moussa et le pharaon dans le Coran sert de toile de fond à une lutte entre l’esclavage et la libération, entre l’injustice et la justice. L’épisode de l’Exode, qui voit la fuite des Israélites hors d’Égypte, est présenté comme un acte libérateur, sanctionnant la tyrannie pharaonique par un châtiment exemplaire lors du passage de la Mer Rouge.
La récurrence de la figure pharaonique dans le Coran, à travers différentes sourates et versets, indique l’importance didactique de ce personnage historique. Ramsès II, ou le pharaon coranique, se mue en leçon vivante, un avertissement contre l’orgueil et la rébellion face aux commandements divins. Cette articulation entre l’histoire, la foi et la moralité, fait du Coran un texte où le passé et le présent dialoguent constamment, exhortant les croyants à prêter attention aux signes laissés par leurs prédécesseurs.