L’incroyable supercherie d’une jeune « stagiaire »

Elle s’appelle Marine Salmaillec, elle a 25 ans et vient de Pau. Elle a fait croire à tous ses proches qu’elle avait un stage, et ce pendant plus de 2 ans. Récit incroyable d’un mensonge pas tout à fait ordinaire.

Marine, quelques heures avant un drame qui durera 2 ans.

Incapable de trouver un travail, elle ment sur son stage

Tout commence lorsque Marine obtient, à 22 ans, son Master d’Histoire. Plutôt bonne élève, elle a franchi sans encombres toutes les étapes de sa scolarité, se faisant notamment remarquer par le gain de nombreuses gommettes de couleurs durant son année de CE1. Son diplôme en poche, elle décide alors de postuler à divers emplois correspondant à son profil. Après quelques mois d’échec, Marine constate avec surprise que la plupart des postes qui nécessitent peu d’expérience sont déjà pris (« désolé Mademoiselle, on avait oublié de vous prévenir, ce poste est occupé depuis 1999), attribués en interne (malgré tout l’intérêt que présente votre profil et celui de votre compte Facebook…), ou offerts à des personnes d’une moyenne d’âge de 42 ans, et pratiquant couramment 5 langues rares.

Marine Salmaillec revoit donc ses ambitions à la baisse : après deux nouveaux mois de recherche difficile, elle est acceptée à Paris pour un stage de 6 mois non-rémunéré (“sauf les repas, à hauteur de 2 euros hebdomadaires”). Sa mission : préparer la frise historique d’une petite entreprise de pistolets à eau, Aqua Pan-Pan. C’est à la fin de son stage que tout bascule : malgré un travail très réussi, « elle a même retrouvé la date d’invention du pistolet à eau », dira un ancien collègue, Marine n’est pas renouvelée. Ce nouvel échec, Marine le vit comme une immense déception. Elle fait alors le choix de le cacher à sa famille et ses amis.

Au lieu de travailler, elle apprend le chinois et la botanique

Pendant 2 ans, Marine fait ainsi croire à sa famille paloise qu’elle poursuit son stage à Aqua Pan-Pan. Ses parents sont fiers d’elle : « Avoir une activité professionnelle pendant deux ans à son âge ! Nous le racontions à tous nos amis, ils étaient jaloux avec leurs enfants au chômage ou qui recommençaient les études ! », témoigne ainsi la mère de Marine. A Paris, elle impressionne également ses amis en leur racontant qu’elle ne se souvient même plus comment on écrit une lettre de motivation, et qu’on la laisse utiliser seule la photocopieuse. Elle éblouit dans les soirées en laissant entendre qu’elle pourrait bien décrocher un CDD de trois mois.

Le stage de Marine à Aqua Pan-Pan a fait “pschit”.

Mais aucun de ces exploits n’est vrai. Alors que sa famille et ses proches la pensent en train de réussir sa carrière, Marine les trompe en passant ses journées à lire (surtout les auteurs russes, dira-t-elle), écrire (une saga de 6 tomes, du Zola moderne) elle compose également de la musique, apprend le japonais, le chinois et le turc, le piano, visite Paris de fond en comble et créé une nouvelle espèce de rose après avoir maîtrisé les rudiments de la botanique.

Il lui tire en plein visage: elle part en Afghanistan

La supercherie innommable est démasquée, en septembre 2012, lorsque le président d’Aqua Pan-Pan, Alain Marchepied monte par hasard dans le même wagon de Space Mountain que Marine et ses parents, lors d’un weekend à Disneyland. Une discussion s’ensuit : la vérité éclate au détour du grand virage n°2. Drame. Larmes. Alain Marchepied, revanchard, dégaine son pistolet à eau et cherche à laver littéralement l’affront de plusieurs jets bien placés, qui finissent hélas dans l’œil de la personne du wagon de derrière. Une fois la course terminée et l’adrénaline retombée, reste surtout l’incompréhension face au mensonge de Marine : pourquoi ?

A cette question, l’intéressée n’a pas de réponse. Humiliée, elle est rentrée à Pau, où ses parents tentent de digérer l’affaire. « Elle nous a beaucoup déçu », lâche son père. Marine cherche désormais à se rattraper, fini de gaspiller son temps : elle aurait bien réussi son entretien d’embauche pour un volontariat de fouilles archéologiques, à 500 euros par mois dans une zone minée d’Afghanistan. On croise les doigts pour que ça marche.