« Michel, où as-tu rangé les clés de la Clio ? » ; « Dans ton cul ! ». Si vous aussi vous avez tiqué en lisant ce dialogue, vous faites peut-être partie des 44 millions de Français qui ont déjà vécu une réponse en « dans ton cul ! ». Une brimade du quotidien qui n’en finit plus de parasiter les conversations de l’Hexagone. Et pourtant, le phénomène pourrait connaître ses derniers jours : la cour de justice Européenne vient en effet de voter une loi pénalisant les auteurs de réponses en « Dans ton cul ».
9 ans de combat
La loi « Dans ton cul» est l’aboutissement d’un véritable combat. Où commence-t-il ? En Picardie, à Compiègne très exactement, où la jeune Anne Hilley-Woo a fondé en 2004 l’association Touche pas à mon cul. « J’étais excédée, à chaque fois que je disais mon nom les gens me répondaient…enfin vous savez ». Un véritable handicap pour celle qui a vu toutes les portes de l’emploi se fermer à cause de son « nom à dans ton cul ».
Parmi les synonymes de « Dans ton cul », l’expression « Dans ton parking » sera elle aussi interdite. Vous ne pourrez pas la prononcer, sauf si votre interlocuteur possède un vrai parking.
La jeune picarde est très vite rejointe dans sa lutte par l’entreprise Daewoo, l’association d’historiens ‘’Il était Danton’’ et le château viticole Aufont-Adroite. Pendant quelques années, Touche pas à mon cul ne fait pas grand bruit hormis un happening remarqué à la foire internationale de Montcuq.
Le «dans ton cul» qui fait déborder le vase
Et puis un beau jour de mai, Julien Morin, un agenais de 27 ans, se voit rétorquer « dans votre cul » par l’administration française lorsqu’il adresse un courrier recommandé pour demander « où dois-je planter mes pruniers puisque mon voisin a construit sa haie sur mon jardin ?». Il porte plainte.
De procès en procès, l’affaire « pruneaux d’Agen » parvient à la cour de justice de l’Union Européenne qui sanctionne l’usage de réponses en « dans ton cul » par une peine pouvant aller jusqu’à 6 ans de prison, et le port obligatoire de Crocs. Un décret qui a suscité la colère de Christiane Taubira, la garde des Sceaux, qui s’est exclamée aux micros de France Inter : « mais où va la France ? ». Une question bien dangereuse.