Cela faisait des années que la direction académique du Puy-de-Dôme se préparait à la chose. Désormais c’est chose faite : André Hagassault, professeur d’allemand depuis plus de 40 ans dans la ville de Clermont-Ferrand, est parti à la retraite après un énième arrêt maladie. Il était le dernier professeur d’allemand du département.
La salle d’allemand était particulièrement insalubre depuis quelques années.
Au collège Pablo Neruda, ou exercait M. Hagassault, on rend hommage au travail sans relâche de l’affable professeur. ”Il était dévoué à la langue allemande”, commente la principale Maryse Bacon. ”Depuis 1998 il n’avait que 3 élèves dans sa classe chaque année mais il leur donnait la meilleure formation possible, pour qu’ils puissent briller dans leur future vie de germanophones”. Ses collègues, autour d’elle ont les lèvres pincées. ”C’est vrai que l’allemand est une langue extrêmement importante qui mérite de passer des années à apprendre des déclinaisons et un nouveau vocabulaire, le retour sur investissement est immense. Les élèves n’oublient jamais le moindre mot appris”, continue-t-elle les larmes aux yeux, tandis que quelques professeurs sont obligés de sortir de la salle sous l’émotion.
Interrogée sur un éventuel remplacement de M.Hagassault pour continuer l’enseignement de la langue de Goethe, Maryse Bacon est claire : “Non, non…non non non…oh non. Enfin je…non. C’est dommage car l’allemand est une très belle langue mais la demande n’est pas là, étrangement”.”Par contre on va célebrer dignement le départ d’André, d’ailleurs si vous voulez m’excuser la fête va commencer”, a conclu la principale.
Le Puy-de-Dôme est le premier département qui n’enseignera officiellement plus l’allemand en France, et il est anticipé que le Lot-et-Garonne, l’Hérault, et le Morbihan devraient le rejoindre prochainement. Au fil des départs en retraite, le russe, l’italien, l’occitan, l’hébreu, l’araméen ou encore le tchèque devraient naturellement remplacer l’enseignement de la langue germanique, dans une ”transition en douceur” selon les mots du site web du Ministère de l’Éducation Nationale. Le ministre Vincent Peillon se veut rassurant pour les passionnés : il a signalé dans un bref communiqué que l’enseignement de l’allemand devrait rester possible en Alsace et en Lorraine pour au moins 25 ans.